Le Colon
Les gastro-entérologues, les médecins spécialistes de l'appareil
digestif, sont très demandés de nos jours. La liste des affections digestives
est déjà longue, et elle ne cesse de s'allonger. Cependant, un trouble motive
près de la moitié des consultations en gastro-entérologie : c'est le syndrome
du côlon irritable, également appelé colopathie fonctionnelle ou plus rarement
colite spasmodique.
Comme toute personne atteinte du syndrome du côlon irritable
vous le dira, cette affection rend la
vie difficile. Les symptômes varient d'une personne à l'autre. Ils sont au
minimum ennuyeux et au pire invalidants. Voici les plus typiques :
• Douleurs
abdominales, ballonnements ou gaz.
• Selles
irrégulières ou diarrhée.
• Nausée ou perte
de poids.
• Maux de tête,
fatigue et/ou manque de concentration.
• Anxiété et/ou
dépression.
En général, les crises d'irritabilité colique suivent un
schéma stéréotypé chez chaque patient. Certaines crises semblent survenir sans
raison apparente, mais le plus souvent, elles sont provoquées par des facteurs
comme le stress, l'abus de laxatifs, l'alcool, le tabac, le café, le thé, d'autres
aliments problématiques ou le manque de sommeil.
Données de base sur le syndrome du côlon irritable
Etant donné sa fréquence, les médecins ont accumulé beaucoup
d'informations sur le syndrome du côlon irritable. Ils ont aussi intensifié
leurs recherches ces derniers temps sur le syndrome. Nous en savons donc
beaucoup plus long sur cette affection qu'il y a dix ans.
Voici certaines données fondamentales utiles à toute
personne présentant (ou suspecte de présenter) un syndrome du côlon irritable.
• Cette irritabilité du côlon est due à une activité
musculaire anormale du tube digestif.
• Le syndrome du côlon irritable est un trouble "fonctionnel".
Autrement dit, il n'y a pas de lésion visible de l'intestin;
c'est son fonctionnement qui est perturbé.
• Les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes. Les
femmes atteintes de ce syndrome se plaignent aussi souvent de troubles liés aux
règles, notamment les jours précédents (syndrome prémenstruel).
• Certaines personnes ont une prédisposition congénitale au
syndrome du côlon irritable. Elles ont une tendance innée à avoir des affections
des muscles "lisses", dont le syndrome du côlon irritable est un
exemple.
Il est donc clair que le traitement du syndrome du côlon
irritable ne relève pas de l'amateurisme. L'intervention d'un médecin est
importante, non seulement pour identifier sa ou ses causes et prescrire un
traitement, mais aussi pour surveiller l'apparition des complications
potentielles. Ce syndrome peut par exemple se compliquer d'un trouble de l'absorption
intestinale ou d'une diverticulose colique. C'est pourquoi il nécessite un
suivi régulier par un médecin compétent.
Comme le syndrome du côlon irritable est influencé par
divers facteurs, les médecins ont tendance à privilégier une approche
thérapeutique globale de la personne. Cette prise en charge globale vise à
améliorer la résistance au stress et la qualité du sommeil, à encourager l'activité
physique, à modérer la consommation d'alcool et de tabac et, bien sûr, à
favoriser une alimentation saine. Une méthode seule peut certes suffire dans
certains cas, mais prendre un médicament ou un seul aliment de plus (ou éviter
un aliment donné) peut faire une énorme différence.
Les fibres, toujours les fibres
Précisons d'abord que l'alimentation ne résoud pas tous les
cas de syndrome du côlon irritable. Néanmoins, un traitement nutritionnel nous
paraît remarquable. C'est le son. Le son a soulagé de nombreuses atteintes de
ce syndrome, surtout quand le problème s'accompagnait d'une constipation.
Les conclusions d'une étude réalisée par le Dr A.P. Manning
à l'Hôpital Royal de Bristol , en Angleterre, résume bien les avantages du son.
Le Dr Manning a divisé des patients ayant un côlon irritable en deux groupes, et
a prescrit un régime riche en fibres de blé insolubles à un groupe et un régime
pauvre en fibres à l'autre. Voici les résultats des deux régimes chez ces
patients :
• Les douleurs ont diminué dans le groupe prenant beaucoup
de fibres, mais pas dans l'autre.
• Le transit intestinal s'est amélioré dans un cas sur deux
avec le régime riche en fibres, mais dans seulement un cas sur sept avec le
régime pauvre en fibres.
• Au départ, beaucoup de patients éliminaient du mucus (une
sorte de glaire) dans les selles. Le régime pauvre en fibres n'a eu aucun effet
sur ce symptôme, mais le régime riche en fibres l'a atténué dans plus des trois
quarts des cas.
Le Dr Manning et son confrère le Dr K. W. Heaton ont envoyé
un questionnaire à des gastro-entérologues et ont constaté que 93 pour cent de
ces spécialistes prescrivaient du son de blé, des régimes riches en fibres
insolubles, ou les deux, aux patients présentant un syndrome du côlon irritable
avec une constipation. Environ 84 pour cent de ces mêmes médecins prescrivaient
un traitement semblable si le syndrome du côlon irritable s'accompagnait de
diarrhée. Vu le taux de succès obtenu par le Dr Manning, on comprend que tant
de médecins aient adopté cette méthode.
Comment faire pour consommer beaucoup de fibres? Vous
trouverez un modèle de régime riches en fibres dans "Se gaver de fibres". Pour certaines personnes, rien ne vaut le son brut. Il est donc
logique d'essayer d'abord d'ajouter du son non raffiné à son alimentation. C'est
une mesure simple, assez agréable et extrêmement efficace dans de nombreux cas.
La question de l'allergie
Les approches diététiques du syndrome du côlon irritable
commencent par les fibres, mais elles ne s'arrêtent pas là. En fait, en
supprimant les "aliments déclenchants", des personnes ressentent une
énorme amélioration. Nous sommes convaincus que l'allergie alimentaire est
responsable de certains cas de syndrome du côlon irritable. Dans d'autres cas, la
cause est une simple intolérance alimentaire. (Pour de plus amples détails sur
la différence entre l’allergie et l'intolérance alimentaire, consultez la
rubrique sur l'allergie)
Le Dr M. Petitpierre, un chercheur suisse, a décidé de
vérifier si une sensibilité anormale à certains aliments pouvait expliquer
certains cas de syndrome du côlon irritable. Pour cela, il a demandé à 24
patients de suivre un régime excluant les aliments responsables de la plupart
des allergies. Le régime de base comprenait du poisson d'eau douce, des
abricots, du riz, plus du pain de farines de maïs et de soja. Le Dr Petitpierre
a ensuite introduit les aliments testés, un par un, pour voir s'ils déclenchaient
des symptômes. Environ la moitié des patients ont réagi à un ou plusieurs
aliments. Les aliments problématiques les plus courants ont été le lait, le blé,
les œufs, les noix, les pommes de terre et les tomates. Dans cette liste, les
quatre premiers sont des causes fréquentes d'allergie alimentaire.
Naturellement, les patients hypersensibles à certains
aliments ont reçu la consigne de les éviter. Les résultat? Au bout de six mois, environ
les deux tiers n'avaient plus de symptômes.
Ces résultats nous impressionnent. Mais comme l'a souligné
le Dr Petitpierre, seuls certains de ses patients se sont révélés véritablement
allergiques aux aliments responsables de leur irritabilité colique. D'autres
étaient juste intolérants à ces aliments. De toute manière, qu'il s'agisse d'une
allergie ou d'une intolérance, le plus important est la réussite du régime.
Dans le cadre d'une autre étude, le Dr J.E Fielding et la
diététicienne Kathleen Melvin ont questionné des patients atteints du syndrome
du côlon irritable sur les aliments déclenchants. Comme vous l'imaginez, la
liste était longue et variée. Au lieu de vous énumérer tous les aliments
accusés, nous citerons les plus courants:
• Fruits: pommes,
bananes, oranges, fruits secs.
• Légumes: légumes
verts (feuilles), oignons, pois et pommes de terre.
• Aliments
fumés ou frits: bacon, frites, saucisses .
Les spécialistes du syndrome du côlon irritable vont sans
doute controverser pendant longtemps de la valeur de ces études. Peu importe, car
s'il vous suffit d'éviter certains aliments pour soulager vos symptômes,