Bien
qu’à côté de son indication de médicament contre l’impuissance, les
effets du Viagra (Sildénafil) sur le débit cardiaque et l’endurance
aient déjà été suggérés, cette étude de la Mayo Clinic, publiée dans
l’édition du 11 mars du Jama, montre que la prise de sildénafil durant 6
mois, chez des patients souffrant d’insuffisance cardiaque avec
fraction d’éjection préservée, n’aboutit pas à une amélioration
significative de la capacité d’exercice ou de l’état clinique.
Les
effets du Viagra sur le débit cardiaque et l’endurance ont pourtant
déjà été fréquemment suggérés. Tout comme ceux des autres inhibiteurs de
la phosphodiestérase-5. Rappelons l’étude publiée en
2011, dans la revue Circulation* qui suggérait que le Viagra
(sildénafil) pourrait contribuer à atténuer les problèmes cardiaques.
L’étude menée sur un modèle animal d’insuffisance cardiaque diastolique,
démontrait, avec le sildénafil, une meilleure élasticité des membranes
cardiaques.
L’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée ou l’insuffisance cardiaque diastolique est une affection fréquente et sévère. « Des essais cliniques menés sur les antagonistes du système rénine-angiotensine n’ont pas abouti à une amélioration de l’état clinique de ces patients et le besoin de thérapies efficaces est important « , explique l’auteur principal, le Dr Margaret M. Redfield, de la Mayo Clinic.
Son
étude souhaitait donc tester l’hypothèse que, par rapport au placebo,
le traitement par sildénafil sur 24 semaines de traitement, permettrait
d’améliorer la capacité d’exercice chez ces patients insuffisants
cardiaques, leur insuffisance étant évaluée par la variation de la
consommation maximale d’oxygène. Cette étude multicentrique, randomisée a
été menée auprès de 216 patients, âgés en moyenne de 69 ans, atteints
d’insuffisance cardiaque stable, randomisés pour recevoir le sildénafil
(n = 113) ou un placebo (n = 103). Le médicament était administré
par voie orale à raison de 20 mg, 3 fois par jour pendant 12 semaines,
puis 60 mg, 3 fois par jour pendant 12 semaines. Le critère principal de
l’étude était la variation de la consommation maximale d’oxygène après
24 semaines de traitement.
Les
chercheurs constatent, à l’issue de l’étude, l’absence de variation
moyenne de consommation maximale d’oxygène significative vs
le début de l’étude, l’absence de différences significatives dans les
tableaux cliniques, l’absence de vitesse de la marche et autres
résultats secondaires. Le taux d’événements indésirables (aggravation de
la fonction rénale, faiblesse à l’épreuve d’effort cardio-pulmonaire,
événements vasculaires) s’avère en plus, plus élevé chez les patients
sous sildénafil.
Contrairement
à l’hypothèse habituellement retenue, le Viagra et autres inhibiteurs
de la phosphodiestérase-5 n’ont pas d’effet sur la capacité maximale
d’effort, l’état clinique, la qualité de vie, et les critères de santé
cardiaque (remodelage ventriculaire gauche, fonction diastolique,
pression systolique pulmonaire ou artérielle). Des résultats qui
donc, suggèrent que la thérapie avec l’inhibiteur de la PDE-5 sildénafil
n’apporte aucun bénéfice clinique en cas d’insuffisance cardiaque.