Beaucoup de gens
attribuent les problèmes de peau à l'alimentation depuis la découverte de la
première vitamine il y a presque 80 ans. Les pionniers en matière de vitamines
avaient constaté qu'une carence en vitamine A entrainait un tas de symptômes, dont
un épaississement de la peau à des endroits où elle est normalement douce.
Au fil des
découvertes ultérieures, on s'est aperçu que d'autres déficiences vitaminiques
pouvaient retentir sur la peau. Le scorbut (carence en vitamine C) et la
pellagre (carence en vitamine PP) se traduisent aussi par des troubles cutanées.
La prise de vitamine C ou PP corrige ces carences, mais aussi leurs
manifestations cutanées.
Dans les pays
industrialisés, l'alimentation est en général assez riche en vitamines pour
éviter ces affections cutanées carentielles. Néanmoins, ce n'est pas une raison
pour clore le chapitre sur la nutrition et la peau. Car des mesures diététiques
sont proposées pour atténuer certaines affections cutanées sans rapport avec
une carence en vitamines, ou en éléments minéraux.
Psoriasis
Les huiles de
poisson ont conquis notre cœur, mais il se pourrait que leurs bienfaits ne se
limitent pas à l'appareil cardio-vasculaire. Selon les études en cours, elles
semblent donner des résultats remarquables sur le psoriasis, une maladie
cutanée aussi désespérante pour les patients que pour les médecins.
A l'hôpital Royal
Hallamshire de' Sheffield en Angleterre, le Dr S.B. Bittiner et ses collègues
ont traité des patients atteints de psoriasis avec 10 gélules d'huile de
poisson (un produit appelé MaxEPA) par jour ou des gélules placebo remplies d'huile
d'olive. Les médecins et les patients ignoraient le contenu des gélules. En l'espace
de huit semaines, l'huile de poisson a permis de réduire les démangeaisons, la
desquamation et la rougeur au niveau des plaques de psoriasis. L'étendue de ces
plaques a même diminué.
Évidemment, avant
d'être considérés comme acquis, des résultats comme ceux-ci doivent être
confirmés. Jusqu'à maintenant, nous avons trouvé deux autres études témoignant
des bienfaits du traitement par l'huile de poisson.
Trois études ne
sont pas suffisantes pour tirer des conclusions définitives, mais il est
intéressant de noter qu'aucune d'elles n'est complètement négative.
L'huile de poisson
a une autre propriété intéressante. En l'absence d'anomalie préexistante des
lipides sanguins, les médecins prescrivent de l'acitrétine dans certains cas de
psoriasis sévère. Ce médicament a l'inconvénient d'augmenter parfois les taux
de triglycérides et de cholestérol, tout en abaissant le taux de "bon"
cholestérol (HDL). Mais des chercheurs, comme le Dr Roslyn Alfin-Slater de l'Université
de Californie, ont constaté que la prise parallèle d'huile de poisson permet de
minimiser cet effet secondaire. N'est-ce pas une raison suffisante pour
convertir tous les médecins à l'huile de
poisson?
Acné
Nous savons tous
combien les vieilles idées ne meurent pas sans peine; les croyances attribuant
l'acné à l'alimentation en sont la preuve. Nous avons une anecdote à ce sujet. Il
y a quelques années, nous avons pensé que les adolescents adopteraient plus
facilement des habitudes alimentaires saines pour le cœur si celles-ci
contribuaient aussi à prévenir l'acné. Nous avons donc cherché dans les livres
des preuves de la corrélation entre les aliments gras, comme le chocolat et les
frites, et l'acné. Nous n'avons rien trouvé.
Nous avons
toutefois appris que les dermatologues étudiaient une autre approche diététique
de l'acné: un apport complémentaire de zinc à très fortes doses. Malheureusement,
le zinc à haute dose a des effets secondaires digestifs tels que nausées, diarrhée
et vomissements. De plus. même s'il apporte parfois une amélioration, son effet
sur l'acné n'a rien d'extraordinaire.
Les médicaments à
base de rétinoïne ou d'isotrétinoïne (comme Abérel et Roaccutane), vendus sur
ordonnance, donnent les résultats le plus spectaculaires sur l'acné. Comme ces
deux substances sont voisine de la vitamine A, vous pourriez en déduire que l'alimentation
a un effet sur l'acné. Cependant, ces médicaments diffèrent de la vitamine A
alimentaire, et le lien entre la nutrition et l'acné est pour le moins ténu.
Maladie de Duhring- Brocq, perlèche et xanthome.
A part le psoriasis,
d'autres maladies cutanées sont sensibles à l'alimentation. Elles sont beaucoup
moins fréquentes, mais si vous en êtes affecté(e), vous devez être informé(e) de
leur composante nutritionnelle.
Maladie de Duhring-Brocq.
Un grand nombre de
patients atteints de cette maladie peu connue voient leur état s'améliorer
lorsqu'ils suivent un régime sans gluten.
Perlèche.
On peut parfois
traiter cette maladie, caractérisée par des craquelures aux coins des lèvres, avec
de fortes doses de riboflavine (ou vitamine B2).
Xanthomes.
Ces nodules
cutanés jaunâtres sont associés à un gros excès de triglycérides dans le sang. Les
mesures diététiques préconisées dépendent de la cause sous-jacente de ce
trouble; certains patients doivent restreindre toutes les graisses, comme les
personnes souffrant de la vésicule biliaire, et d'autres doivent suivre un
régime pour abaisser le taux de triglycérides.